Friday, 25 October 2013

Souvenirs et Images - Memory and Images

This is it, I'm back at home. The time has come now to look back to those two months of slow slow traveling, and to remember those countries and regions crossed, each one of them with distinct languages and ways of life. One of the thinks that unite them is beauty. Although beauty is everywhere, depending on your point of view, in some places it is more apparent.

As a way to thank all those who supported me, with or without words, please have a look at those few images I was lucky to find on my way. I hope you will enjoy them as much as I did, as fleeting winks from our Mother Earth.

Ca y est, je suis de retour chez moi. Le temps est venu de jeter un regard sur ces deux mois de lente pérégination, et de se rappeler ces pays et régions traversés, chacun distinct par sa langue et son mode vie. Seule la beauté les unit. Bien qu'elle soit partout, dépendant du point de vue adopté, à certains moments elle est plus apparente.

Afin de remercier chacun et chacune qui m'ont soutenu, avec ou sans les mots, je vous invite à regarder ces quelques images que j'ai eu la chance de rencontrer sur mon chemin. J'espère que vous les apprécierez autant que moi, ces clins d'oeils éphémères de la part de notre Mère la Terre. 

Ourthe
On Roman trails in France - Sur les traces des Romains en France
France - Pompierre
Flowers in France - Fleurs en France
Gorges de Noailles - Canyon
 Gorges de Noailles - Canyon
Source de la Loue - Spring
Jura - Cluse et Mijoux
Léman
Wine in waiting - Bientôt du vin
Suisse - Martigny
Alpage

Dead Men's Grove - Combe des Morts

Grand-Saint-Bernard
Entering Italy - Descente vers l'Italie
Val d'Aoste
Val d'Aoste

Val d'Aoste

Val d'Aoste

Plaine du Po - Pianura Padana
Plaine du Po - Pianura Padana
Plaine du Po - Pianura Padana

Appenine hills - Les Appenins

Appenine hills - Les Appenins

Appenine hills - Les Appenins
Appenine hills - Les Appenins

San Giminiano

Tuscany - Toscane
San Giminiano

San Giminiano

Tuscany - Toscane
Radicofani
Bolsena
Lago di Vico

Lazio - Latium

Friday, 18 October 2013

Viterbo-Roma

Et Viterbe est une réelle surprise! Elle cache, à l'intérieur de ses murs, un quartier médiéval digne d'un film hollywoodien: ruelles, arcs romans, escaliers dans tous les sens et un palais papal. Elle fut, en effet, le siège de la Papauté durant une partie du treizième siècle, lorsque Rome devint insalubre à cause de troubles civils. Plusieurs conclaves y ont eu lieu, dont celui de Grégoire X qui dura 20 mois. La population en eu tellement marre qu'elle décida d'enfermer les cardinaux dans la salle d'élection. En Latin, ils furent enfermés 'cum clave' (à clef), d'où le mot 'conclave'.

Lundi matin, je quitte Viterbe par la Porta Romana et m'engage dans la foret qui borde le lac et l'ancien volcan de Vico. En haut, à une altitude de près de 800 mètres, la vue sur le lac et ses collines environnantes est saisissante. Vient ensuite un long sentier suivant les lèvres du cratère pour finalement arriver à Ronciglione. La ville a un noyau médiéval étonnant, perché en haut de falaises d'origine volcaniques. Ce relief reste omniprésent jusqu'à Sutri où je passe la nuit avec mes deux compagnons du moment, Stefano, Daniel, et Willem, un pèlerin néerlandais désormais devenu une vieille connaissance. Nous dormons dans un gite tenu par ldes soeurs carmélites.

En fin d'après-midi, je profite des quelques heures qui me restent pour visiter le petit musée municipal. Son directeur, de mon age, me fait un exposé détaillé de l'histoire cette petite ville actuellement très périphérique, mais très ancienne et qui, au cours du Moyen-Age, a su conserver son importance et son intégrité. Comme elle n'a jamais connu de destruction, les caves du pretre sont dans les anciens bains romains, le forum a encore sa place et la tour civique est perchée sur l'ancien arc de triomphe. Seule la ville basse a étée abandonnée lors de la renaissance. La falaise est trufée de tombeaux étrusques, l'amphithéatre, entièrement taillé dans la roche, est impressionnant et l'ancien temple de Mithras, lui-meme installé dans une ancienne tombe, a été transformé en église au quatrième siècle et est encore consacrée, sans qu'aucun nouvel aménagement y eut été fait durant plus de mille ans.

Je quitte donc avec regret ce joyau du Latium pour entamer ma pénultime journée de marche. Seules quelques trajets entre les champs de noisetiers le matin, puis des routes de banlieue et de de pénibles morceaux de route nationale. J'arrive un peu sonné à Campagnano di Roma, où je ne m'arrete que pour manger mon pain, mon fromage et mon jambon. Malgré une courte pluie d'orage, le sentier de l'après-midi est magnifique en passant par le Parc del Sorbo.

Formello sera donc la dernière étape avant Rome. Jolie ville construite en hauteur, nous logeons dans le tout nouvel Ostello della Gioventù de la ville, au dessus du petit musée. La fatigue et le temps variable me garde pourtant à l'intérieur et j'en profite pour rattraper les jours manquant à mon carnet de voyage. Le repas du soir dans le petit resto d'en face (menu du pèlerin, 12 euro) se passe étonnament comme à l'acoutumée: nous passons en revue le trajet de la journée passée et de celle qui vient.

Enfin, mercredi matin, j'entame la dernière journée de mon pélérinage (30 km). Durant les premiers 15 km, la présence de Rome n'est pas encore palpable. Le chemin traverse en effet le parc naturel de Veio et ses champs et bosquets. J'ai une dernière conversation de 'bord de chemin' avec un Canadien passant promener son chien. Puis, l'itinéraire me fait passer par un torrent local sans indiquer qu'il s'agit de le traverser à gué. Normalement, ceci ne poserait pas de problème mais les dernières pluies ont transformé le ruisseau en un torrent d'eau boueuse qui fait hésiter les deux intrépides marcheurs que Daniel et moi sommes devenus. Nous restons là quelques minutes à chercher une solution de contournement qui ne nous ferait pas marcher 10 km de plus, mais malheureusement la seule solution et des prendre son courage et ses chaussures à deux mains et de s'y lancer prudemment. Finalement, le niveau ne dépassait pas 50 cm et nous arrivons rapidement de l'autre coté avec les pieds noircis de vase.

Nous pouvons alors gravir la dernière ascencion de la journée jusqu'à La Storta, hameau de la banlieue de Rome par où passe une des grandes artères d'accès à la ville. Puis, c'est la Via Trionfale avec un traffic incessant mais heureusement équipé d'un troittoir. Je m'arrete à Ottavia, à mi-chemin, dans un bar et y trouve Stefano qui a évité le gué et coupé par la grand-route. Notre périple étonne les quelques clients du bar et nous échangeons nos impressions. Finalement, je continue ma descente à travers l'infinie banlieue et fais une dernière pause sur le Monte Mario, d'où la vue sur la Ville Eternelle est imprenable et j'y retrouve Daniel. C'est un magnifique spectacle de rouge et d'or. La ville remplit la vallée du Tibre et s'étend à nos pieds. Les coupoles et colonnes lui donnent sans doute le meme visage qu'elle a depuis toujours. Le soleil et une légère brume lui donne un aspect lumineux. C'est sans doute à cet endroit où j'ai le plus eu l'impression d'arriver. Meme si le pélérinage mène à Saint-Pierre, c'est une ville que je rejoint, et la voire en entier donne l'impression d'avoir gagné sa destination.

Vient enfin la dernière descente vers la ville. A l'approche des musées du Vatican, les rues se remplissent de touristes. J'ai du mal à rester sur le trottoir tellement il y a de monde. Curieusement, je vois une dernière balise de la Via Franciugena, un simple autocollant autour d'un panneau de stationnement, à à peine dix mètres des colonnes. Enfin, je passe les marches du portique et arrive sur la place Saint-Pierre, plissant les paupières pour contempler l'imposante façade de la Basilique. Une impression de vide m'emplit. Sans doute est-ce à cause de la pénible route de banlieue, sans doute est-ce à cause de la foule de touristes, de fidèles et d'ecclésiastiques qui tourbillonne sur la place. Finalement, je me dis que le point d'arrivée n'est qu'un point parmi les autres sur la longue ligne que j'ai parcourue depuis la Belgique. Les émotions sont induites par l'accomplissement du voeu ou du projet. Comme m'ont dit certains, une fois pèlerin, toujours pèlerin, durant toute notre vie.

Comme par fatalité, je tombe sur Daniel qui a été rejoint par son amie. Nous avons de la peine à nous quitter et partons célébrer nos adieux atour d'une bière dans le Transtévère. Nous échangeons des souvenirs, des impressions. Finalement, nous nous quittons et je me rends à l'accueil pour pèlerins géré par la Confrérie de Saint-Jacques. Une bonne douche me éclaircit les idées et je me rends à la salle commune pour la cérémonie du lavement des pieds et le repas du soir. Finalement, je me sens encore un peu pèlerin car je dois encore me rendre au Vatican pour recevoir un tampon prouvant mon passage et le fameux Testimonium. Ce diplome, qu'on peut obtenir notament dans la sacristie de la basilique Saint-Pierre reconnait que le pèlerin a effectué son périple 'devotionis causa' et donne également accès au tombeau de Saint-Pierre situé dans la grotte du Vatican, immédiatement sous le pavement de la basilique. J'en sors encore de bonne heure, bois un café avec Stefano rencontré dans la sacristie et me dirige vers le Quirinal où habite un lointain cousin italien, que je me réjouis de rencontrer. Ensuite, je poursuis ma route vers la basilique de Sainte-Marie-Majeure, puis Saint-Jean de Latran, et enfin Saint-Paul-hors-les-Murs. J'y demande mon dernier et quatrième tampon dans la sacristie et assiste à la messe. Je fais un tour dans le vaste édifice, écoute les sons émanant des guides audios, observe un groupe de bonnes soeurs descendant vers le sanctuaire et je décide de sortir de l'église. Quelques chapitaux corinthiens et des morceaux de colonnes sont posées ci et là dans le jardin. Il fait beau, j'ai la soirée devant moi, je me sens reposé. Finalement, je sens que je n'ai plus besoin de marcher et je décide de prendre le métro pour revenir vers le centre.

J'étais pèlerin et je suis devenu touriste! Je suis libre, j'ai le droit d'aller où bon me semble et surtout je vais retrouver mon amour, ma famille et tants d'amis dont j'ai eu le privilège de regretter leur présence. C'est le plaisir du retour!

Merci à vous pour avoir eu la patience de me lire.

Sunday, 13 October 2013

Lucca-Viterbo

Lucca est jolie avec ses églises toutes couvertes de marbre. C'est également une des rares villes à avoir conservé son forum romain comme marché central. A milieu trone la très belle église romane de San-Michele. Je me perds un peu dans le quartier de l'ancien amphithéatre, passe devant le palais ducal, arrive devant le monastère de San-Romano et tombe sur le musée de la bande dessinée de Lucca. Surpris d'en trouver un ici, j'y découvre que Manara est en fait une création d'un Italien, et découvre d'autres héros que je ne manquerai pas de chercher en Belgique.

Le lendemain, j'affronte les 40 kilomètres de plaine de l'Arno pour rejoindre les collines à San Miniato Basso. En chemin, à Altopascio, je tombe sur Daniel, le Valdostain que je croise depuis Pavie, qui est accompagné de Matia, un de ces amis qui l'a rejoint à Lucca. Nous arrivons chacun a son tour à l'auberge de San Miniato Basso tenue par la Misericordia, une organisation volontaire typiquement toscane.

Et puis, ce qui était prévu arrive, j'entame les premières collines de la Toscane sous le déluge. Les premières versées de pluie tombent lorsque je m'engage sur des sentiers pourtant magnifiques mais devenus fangeux. L'argile colle aux chausseres et alourdi le pas. Je manque deux fois de m'étaller dans la boue, à tel point qu'un brave vieux prends pitié de moi et m'offre de se restaurer chez lui. Je refuse, préférant ne pas ruiner son interieur avec toute l'eau dégoulinant de mon sac. J'arrive à bout de nerfs à Gambasi Terme après de modestes 27 kilomètres. La pluie continue toute la journée et je regrette d'avoir manqué un bout du jardin de l'Italie à cause de la pluie.

Heureusement, la pluie cesse avec la nuit, et la Toscane dans toute sa splendeur s'offre à la vue dès l'aube. On dirait que Dieu à donné un pays idéal aux Toscans. Ceux-ci ont fait leur devoir de le transformer en une sorte de paradis terrestre. Ce ne sont que des collines couvertes de vignes et d'oliveraies, de cypres et de pins. J'arrive sous le soleil à San Giminiano en début d'après-midi. On y veut remercier les swiècles d'infortune et de pauvreté qu'ont connu ses habitants pour n'avoir jamais eu assez d'argent pour rases leurs palais et tours moyenageuses... C'est une espèce de Manhattan du 14ème siècle, impressionnante par la sobriété des murs et par la spleudeur des fresques couvrant l'interieur des églises. J'assiste à la messe dans la collegiale, suivi d'un café avec le pretre. Je retrouve également Giacomo, amis de longue date, avec qui je prends le déjeuner.

La paysage idyllique ne change pas jusqu'à Sienne. Mes étapes sont l'Abbadia del'Isola (à la confraternité hospitalière de Sain-Jacques) et Montereggioni (le matin) et La Villa jusqu'à Sienne, où j'arrive en début d'après-midi. Je dépose mon sac chez les soeurs, et pars faire le tour de la ville avec mes amis de coincidence. Nous entrons sans faire la fille et sans ticket dans la cathédrale grace à notre passeport de pèlerin. Un peu comme Budapest par rapport à Vienne, on a l'impression que les Siennois ont décoré leur ville pour faire un pied de nez aux Florentains. Tout n'est que splendeur, rappels des hauts faits de la République.

Je quitte cette ville perchée sur les crètes au petit matin pour descendre dans la vallée de l'Arbia et là tout commence à changer. Finis les bosquets, les vignes, les chemins blancs ombragés. Tout n'est plus qu'un immense désert brun de champs de blé labourés. Des collines argileuses à perte de vue avec ici et là une ferme entourée d'arbres fruitiers ou de cypres. Grancia di Cuna, Quinciano, Ponte d'Arbia racconte l'histoire d'une ville fortifiant son grenier à blé. Nous passons la nuit à Buonconvento, havre entouré de grands arbres et de murailles, comme une bastide dans le sud de la France.

Après la vallée de l'Arbia vient celle de l'Orcia. En passant par San Quirico, d'où la vue sur les deux vallées est saisissante, je descends vers Bagno Vignoni et les sources thermales, longe l'Orcia jusqu'à un ancien pont médiéval et le passage à gué et enfin restent les 7 derniers kilomètres à travers cette espèce de steppe battue par le vent. Nous (Daniel, Greg et Paul, deux Australiens, et Stefano, un Toscan nouveau dans le groupe) avons pu négocier un appartement dans un agritourisme du village de Gallina. Perché en haut d'une colline venteuse, nous sommes heureux d'y trouver un peu de chaleur et de partager du vin et un repas préparé entre amis.

Afin de rattraper un peu du temps perdu à San Giminiano et à Sienne, je décide avec Daniel de parcourir d'une traite les 40 kilomètres nous séparant d'Acquapendente, en passant par Radicofani. Cette dernière est perchée en haut d'un ancien volcan et se fait voire depuis San Quirico d'Orcia vers le nord-ouest et le lac de Bolsena au sud-est. Perchée sur son pic au milieu de cette immense steppe, on dirait une espèce de forteresse hantée. Je dois pourtant reconnaitre que le temps et la saison y sont pour quelque chose, car au printemps tout y est vert et en été d'or, grace aux immenses champs de blé.

Epuisés, nous arrivons enfin au petit couvent des Cappucins actuellement tenun par des soeurs. Il date du 16ème siècle et peu de choses ont changé. Nous partageons un repas à trois, cette fois: Daniel, Stefano et moi, Mattia nous ayant quitté l'avant-veille à cause d'une cheville douloureuse.

Hier, enfin, j'ai été soulagé de retrouver les bosquets des bords du lac de Bolsena, et fasciné par les reliefs volcaniques du Latium. Après seulement 20 kilomètress, j'arrive au couvent des soeurs du Saint-Sacrement qui tiennent une jolie auberge en face de l'Eglise Sainte-Christine et ses catacombes.

Aujourd'hui, j'ai exécuté tranquillement les 32 kilomètres me séparant de Viterbe. J'ai appris à aimer les aubes, à apprécier mes pauses et à observer la nature qui m'entoure. Les sentiers des hauteurs autour des lacs sont magnifiques et puis les trançons de la voie romaine sont fascinants. Il s'agit de la Via Cassia, voie consulaire construite au premier siècle avant Jésus-Christ qui sont encore resplendissants. Ils me font passer par Montefiasconi puis descendent vers la plaine précédent Viterbe. Ce midi, j'ai fait mon casse-croute au lieu dit Bagnaccio, où surgit une eau à 70° et où des vasques ont été aménagées pour les baigneurs.

Viterbe est impressionnante dans ses grands murs médiévaux et je ne tarderai pas à visiter le palais des Papes. Nous dormons dans une auberge aménagée dans la tour où Pie VI à passé la nuit sous la garde des soldats napoléoniens! Rome n'est plus qu'à trois jours de marche. C'est la fin de mon voyage et je suis dans une phase de bilan.

Thursday, 3 October 2013

Pavia-Lucca

Après Pavie, c'est encore et toujours la plaine. Je commence à aimer cette grande étendue plate, couverte de rizières et de champs de mais. Les chemins sont souvent excellents, empierrés ou en terre, comme les nervures d'une grande feuille que serait la plaine du Po. A Corteolona, je m'arrête devant une magnifique cascina (sorte de grande ferme, exploitation familiale) gothique. Un passant me dit qu'elle serait située sur un ancien palais des rois longobards. Passant Belgioioso (beau-joyeux), je poursuis sereinement mon chemin jusqu'à Santa Cristina e Bissone où je retrouve finalement pas mal de monde: le couple d'Australiens du Grand-Saint-Bernard, Daniel Blanc, Valdostain rencontré la première fois à Ivrea, et un pensionné italien. Nous dînons ensemble et c'est l'occasion d'échanger des tuyaux, des impressions sur le pays, les gens et parler un peu de soi. Les sujets sont jusqu'alors assez récurrents: l'impact du pélérinage sur sa vie, son pourquoi et comment.

Je croiserai encore souvent Daniel, dont nos parcours ne cessent de coincider, du à notre rithme similaire (30-35 km) et au fait que la géographie changeante fera que les étapes seront imposées par les logements disponibles. Je traverse ce qu'il me reste de rive gauche du Po et arrive à Corte Sant'Andrea, passage obligé pour tous ceux qui suivent le trajet de Sigéric. A peine arrivé par la digue à la hauteur du village, je suis interpellé par un enthousiaste qui me somme d'aller m'assoir et l'attendre devant sa maison. Je m'installe en compagnie des deux chiens, trop content de me reposer à l'ombre. Il revient quelque minutes après, suivi de peu par Daniel et nous bavardons. Agriculteur pensionné, il est un peu l'agent de liaison du passage du Po sur son côté rive du fleuve. Nous prenons notre casse-croute et un café en attendant d'arrivée de passeur. Enfin, celui-ci finit par apparaître. Danilo s'occupe de faire passer les pèlerins depuis le tout début du renouveau de la Via Francigena. Pensionné également, et passionné d'histoire, sa petite maison et couverte d'ex-votos dédiés à Sigéric, à la Via Francigena et au passage du Po (Transitum Padi). Les lieux sont d'ailleurs proprements marqués: statue de la Vierge, colonnes commémoratives, un ambarcadaire en bonne et due forme sur la rive gauche, plus modeste sur la rive droite du à son ensablement. Nous profitons à fond du trajet en vedette, c'est le seul transport que nous nous sommes autorisés à prendre!

Après les derniers kilomètres de faubourgs, c'est fourbus que nous arrivons Daniel et moi, chacun à son tour, à l'auberge à Piacenza. On m'a décrit la ville comme peu intéressante, mais la cathédrale romane est magnifique et l'accueil très chaleureux. J'ai droit à un flot d'explications sur une route variante passant par les montagnes (Via degli Abati), que je ne prendrai pas, celle-ci compartant trop d'imprévus. Daniel et moi nous croiserons encore régulièrement durant la journée qui suivit. Celle-ci fut peut-être la moins belle de toutes, car nous décidons de prendre un raccourci par la Via Emilia, grande artère routière d'origine romaine menant tout droit à Rimini. Nous avons même droit à deux rivières à traverser à gué. Le soir, c'est Fiorenzuola, petite cité discrète, un peu surgie de nulle part, comme toutes les autres. Le lendemain midi, j'arrive à Fidenza sans encombres où je m'empresse de faire des courses et passer par la poste. Ce sont toutes les deux des villes assez anciennes, avec de belles églises romanes plus ou moins remaniées, et de beaux campaniles à leur centre. Chaque fois, il y a une place centrale un peu cachée au sein d'une enceinte depuis longtemps disparue, et autour de laquelle passent d'assez larges rues toutes droites. Le temps est également invariablement beau. Ajouté au plat éternel du paysage, j'ai un peu peu l'impression de tourner en rond.

Ceci changera portant immédiatement après Fidenza, avec les toutes premières côtes des Apennins. Ce ne sont pas de très hautes montagnes (elles ne dépassant localement pas les 2000 mètres), mais le chemin me fait traverser les contreforts, alternant montées et descentes qui me font sentir satisfait de ma journée en arrivant à Costamezzana. C'est un village un peu perdu où heureusement la mairie tient une auberge pas chère et le burau de tabac/bar/restaurant du village nous fait un prix pour un excellent repas et un coup de rouge. Puis, vient une étape trop courte à mon goût (27 km) pour arriver à Sivizzano. Je profite du fait qu'il n'est que 16h00 pour achever ma journée sur un sentier marqué sur la carte mais qui me fait faire un hors-piste palpitant traversant les crètes des collines déchiquetées par les sècheresses et surplombant les des vallées alentours. A Sivizzano, qui n'est en fait qu'un hameau malgré tout équipé d'un prêtre sénégalais habitant l'immense cure avec sa compagne, nous sommes très honorablement logés par un gentil vieux couple s'occupant du gîte. Malheureusement, nous mangeons mal pour 30 euros dans l'attrape-pèlerin du village, avec une engueulade de la patronne pour moi, que je trouve avoir efficacement rendue. Je le regrette d'autant plus que le gîte était équipé d'une magnifique cuisine que j'aurais été ravi d'utiliser. C'est une question que je pose maintenant systématiquement. En effet, les magasins regorgent d'excellentes choses locales et la bière est chère en Italie.

Néanmoins, nous rencontrons à Sivizzano Willem, pensionné néerlandais d'excellente compagnie qui fait le voyage depuis Canterbury. Nous voyageons quasiment à trois le lendemain, lors d'une longue et difficile étape jusqu'à l'Ostello della Cisa. deux kilomètres avant le col du meme nom. Il est tenu par un gentil couple avec deux enfants qui y passent tout l'été. Nous y trouvons un autre Néerlandais, Johannes, et nous passons une soirée de poêle à bois ronflant, de tagliatelles aux cèpes, à parler de Dieu et de la spiritualité du pèlerin. Ceci n'est pas très proche de la réalité, mais la vie de pèlerin ne l'est pas non plus. C'est au contraire un voyage en dehors du concret, où l'occupation et les préoccupations sont tellement différentes qu'on a l'impression de faire un long rêve éveillé.

Dimanche, c'est jour de pluie. Nous passons le col, puis descendons la vallée en traversant une forêt qui me donne l'impression d'être une forêt tropicale humide, tant elle est verte et servant de couloir à quelques nuages faisant la route en sens inverse. Nous arrivons au Couvent des Capucins à Pontremoli en début d'après-midi. Nous y sommes accueilli par un vieux frère bavard, prenant le temps de nous expliquer l'histoire du monastère, en nous offrant un verre de vin, et en nous montrant méticuleusement les divers équipements mis à la disposition des pèlerins, tout ceci pendant que nos vêtements et sacs ruissellent sur le dallage. Après une douche réconfortante, je pars à la recherche d'un magasin pour acheter de quoi manger le soir et j'en profite pour visiter la ville qui ne manque pas d'un certain charme montagnard. Les ruelles sont étroites et la vieille ville coincée entre deux torrents. A 18h30, c'est la messe, à la fin de laquelle le moine qui nous a accueilli ne manque pas de faire remarquer notre présence à l'assemblée, en complémentant notre intérêt pour la Sainte-Messe et pour le couvent. Le soir, c'est à nouveau un repas entre nous. Daniel, Willem, Johannes et moi devons donner l'impression d'être de vieux amis alors que nous ne nous connaissons que depuis si peu.

Le lendemain, seuls Daniel et moi effectuons la descente vers Aula. La ville a été intégralement détruite durant la dernère guerre, à l'exception de l'acienne abbaye bénédictine où la commune tient un très confortable gîte. Déjà, la vallée s'est élargie et nous pressentons la présence de la mer, mais nous sommes encore bien entouré par les collines. Mardi matin, je prends le chemin officiel qui me fait traverser ces dernières collines par un magnifique et escarpé sentier de forêt et j'arrive à Ponzano. Là, tout est subitement différent: la mer s'étend au bas, une belle garrigue et des pins ont remplacé la forêt luxuriante et le village présente toutes les caractéristiques de la Ligurie: rassemblées autour du clocher qui dépasse, les maisons toutes en hauteur sont séparées par d'étroites ruelles parfois couvertes, parfois en escalier. Je descend tranquillement cet environnement méditerranéen jusqu'à Sarzane, petite ville d'honorable beauté où je mange mon pain, mon fromage et mon saucisson dans un parc. L'après-midi, je parcours la banlieue éternelle qu'est le pourtour de la Méditerranée jusqu'aux ruines de la ville romaine de Luna. Je m'exstasie devant les murrets restants d'une maison du Haut Moyen Age... Le soir, dîner en tête-à-tête avec Daniel à Avenza.

Puis vient une matinée trop longue à travers les banlieues sans charmes de la ville industrielle de Massa et les immenses industries de taille du marbre de Carrare... Heureusement, l'après-midi me réserve la visite sommaire de Pietrasanta, tout comme Sarzane à la charnière entre la Ligurie et la Toscane, et enfin de jolis sentiers pour retraverser la montagne vers Lucques. Après de satisfaisants 37 kilomètres, j'arrive sainement fatigué à Valpromano, encore un hameau de collines, mais très agréablement tenu par deux pensionnés italiens de la voie de Saint-Jacques, avec qui je passe la soirée à passer en revue les variations sur le thème de la décadence morale de l'Italie.

Ce matin, je suis arrivé à Lucques, déjà en Toscane. La ville a l'air splendide, je dois encore la visiter. C'est en fait la première vraie ville depuis Pavie, et son passé romain est encore visible grace au tracé quadrillé de ses rues et son amphithéatre couvert de maisons. Les ruelles encombrées donnent sur des églises romanes aux façades doublées de marbre. C'est vraiment l'Itale, un peu snob mais sympathique dans le fond, et s'est le début de la dernière région à traverser avant le Latium et Rome.

Sunday, 22 September 2013

Aosta-Pavia


Le Val d’Aoste est sensé être une des plus belles régions d’Europe. Il est vrai que les montagnes, hautes aux alentours, descendent en pente lentes vers la vallée où coulent des torrents, les berges de ceux-ci étant couverts de prés et de vergers. Pommiers, poiriers et figuers y forment des contingents immobiles. Malheureusement, comme si la pluie était une fatalité, elle tomba des le moment ou je quitté la gentille paroisse de Saint-Martin de Corleans, près d’Aoste, où j’avais passé la nuit. 

Elle tomba toute la journée, et la seule consolation dont je me souviens et celle de pommes délicieuses et de figues suaves. La pluie n’est pas grave en soit, mais avec elle, dans les montagnes, on a l’impression d’évoluer comme dans une bulle. Elle vous empêche d’apercevoir le prochain vallon et il n’y a qu’une carte pour vous indiquer ou vous êtes. 

C’est dans l’état d’esprit d’un aveugle que je traversai Chatillon, pourtant un joyau de la région, avec son pont romain vertigineux, et que j’arrivai à Saint-Vincent, où des gens dans un bar m’ont gentiment indiqué l’adresse d’un B&B. Dès l’arrivée, je pris une douche et en plus de cette consolation, je passai la soirée alongé et m’offris le luxe d’un film à la télévision. 

La descente vers Ivrée est assez longue. Les flancs de montagne sont nombreux et leurs rochers sont souvent couronnés d’anciens château médiévaux. Les villages, presque toujours en vallée, n’ont qu’un clocher pointu pour relief. C’est l’Italie des chiens qui commence. Normalement de garde et enfermés, certains Piémontais concrètisent leur méfiance envers toute personne étrangère en les laissant faire la garde proactivement, en allant à la rencontre de l’intru pour lui signifier qu’il n’est pas le bienvenu. Cette attitude de méfiance, que je retrouverai jusqu’à Vercelli, est très déroutante pour le moral, et éveille une forme d’agressivité qui, sans doute, exacerbe la froideur des gens. Seule la patronne d’une charcuterie à Borgofranco d’Ivrea m’offre un poulet roti en échange d’une prière pour sa famille... Cela réchauffe le coeur. 

 Je revois à Ivrée (apres une nuitée à Donnas) un couple de retraités américains (Tom et Yvonne) qui passent leurs vacances à faire le tour des pélérinages d’Europe. Je retrouve auprès d’eux la simplicité, la gentillesse et la modestie qu’ont beaucoup de leurs compatriotes. Je les croiserai encore sur une étape, et c’est l’occasion de faire plus amplement connaissance “au passage”. Nous dinons ensemble, savourant un repas entre bons amis. Ivrée étant d’une beauté plus discrète, j’y fais sommairement une visite et me prépare pour le lendemain. 

Des cartes de la Via Francigena sont d’ailleurs disponibles gratis à l’office du tourisme. Elles m’aident à franchir les dernières collines, par le lac de Viverone, jusqu’a Santhià. J’entre dans un monde complètement different: des champs de maïs, des rizières, des chemins en gravier ou en terre favorisentla marche mais donnent l’impression d’être dans univers à deux dimensions. Santhià, comme les autres villages et villes par la suite, semble surgir de l’horizon. Les gens deviennent peu à peu de plus en plus accueillants, et de nombreuses conversations chaleureuses ponctuent mon chemin. Je retrouve la gentillesse polie des italiens, qu’on sent parfois teintée d’une superficialité tâquine, parfois de sentiments profonds. 

Sur ma route, me retournant, je vois les Alpes s’éloigner peu à peu comme les montagnes dans le décor d’un jeu vidéo de course d’antant. Il n’y a sur mon chemin qu’un talud d’un coté et un canal d’irrigation de l’autre, et l’étendue jaune des épis de riz devant moi. Depuis, c’est le même paysage qui me suivra, ponctué par mes arrêts où je retrouve mes amis américains et Marcel, pèlerin allemand parti à Lausanne. Nous nous retrouvons comme des vieilles connaissances à Vercelli, dans le garde-manger de l’abri pour pèlerins du Convento di Biliemme, tenu d’une main de fer par Angela, qui n’en a rien d’un! 

Depuis, je croise sur mes étapes Jean, retraité français à l’humour blasé mais d’assez bonne compagnie pour partager un repas ensemble à Gropello Cairoli, toujours dans la plaine. Nous nous sommes recroisé sur le pont couvert de Pavie et dormons dans la même auberge. D’aucuns penseront que ces rencontres ne peuvent être que superficielles. Pourtant, comme on sait qu’on ne se verra peut-être plus après, la conversation devient d’autant plus franche et souvent profonde. 

Pavie est un joyau. C’est la capitale des Lombards et de l’architecture romane en Italie. Certaines églises, comme San Michele Maggiore et San Teodoro sont à couper le souffle. Les tombeaux de Boèce et de Saint Augustin éveillent des émotions chez les visiteurs depuis plus d’un millénaire. Je m’y suis arrêté avec joie et y ai été conforté dans la chaleur et la gentillesse des gens ... Il me reste un peu plus de vingt jours pour atteindre Rome, et me réjouis des kilomètres restants!

Saturday, 14 September 2013

Lausanne-Aosta


Après un très agréable weekend chez Vinciane et Pierre-Emmanuel, je reprends le train pour Lausanne. Arrivé sous une pluie battante, l'organisation suisse fait que je trouve immédiatement les correspondances de bus et métro et arrive à Vidy en un rien de temps. Vidy est une de ces banlieues sans beaucoup de charme mais présentant l'intérêt d'avoir une auberge de jeunesse, pas donnée mais à cinq étoiles pour son espèce. 

Arrivé, j'ai la désagréable surprise de me voir annoncer qu'il n'y a plus de place. La rentrée universitaire et ses mondanités on fait que même les dortoirs de la ville sont complets. Le regard désemparé, je reste debout et un des réceptionnistes propose à un visiteur que je partage sa chambre. Celui-ci, content de pays la moitié du prix, accepte immédiatement et me voilà parti pour partager mon intimité avec Kemel, citoyen algérien.

La journée suivante est consacrée au Léman. Grande plaine liquide, il scintille au grand soleil revenu. La première partie du chemin longe le lac passant devant les villas, les ports de plaisance et les petites villes pittoresques. Ensuite vient une jolie route serpentant entre les vignobles et enfin, c'est la riviera suisse avec Montreux. Le château de Chillon trône, toujours imposant sur sa roche, comme pour defier la futilité des passants. Le camping de Villeneuve se propose à ma vue et j'y repose mes jambes meurtries par 37 kilomètres de béton.

Ensuite commence la longue montée des Alpes. Ma première étape est l'appartement de Diedrich, travaillant en Suisse mais étant en vacances pour une semaine. Il a très aimablement mis sa propriétaire au courant et je passe la nuit chez lui, à Vérossaz, juste au dessus de Saint-Maurice. Jusque là, cela ne monte pas encore tellement, et cela reste ainsi jusqu'à Martigny, l'antique Octodurum. La ville est pleine de ruines romaines parsemées ici et là, et c'est un bonheur de fumer une pipe au dessus des gradins de l'amphithéatre, regrettant presque qu'on n'y donne plus de spectacles.

L'après-midi, je retrouve mes jolis chemins de terre et j'avale avec plaisir les escarpements de la vallée de la Dranse par Bovernier, Sembrancher et enfin Orsières où je passe la nuit dans l'abri aménagé par les Augustiniens. L'air étant de plus en plus alpin, je m'y réfugie avec plaisir. Comme l'appartement ne dispose pas de salle de bain, je fais quelques aller et retour aux toilettes publiques, les trouvant immaculées... Après le balisage impeccable des routes, c'est le deuxième détail insolite qui me frappe dans ce pays.

Orsières est à vingt cinq kilomètres du Grand-Saint-Bernard, avec près de 1500 mètres de dénivelé. Pour être sur d'y arriver à une heure convenable, je me réveille à 5h30 et traverse la forêt négligeant les deux bourgades du coin, Liddes et Bourg-Saint-Pierre. L'alpage est radieux sous un soleil éclatant. Poussé par une vent du nord opportun, je monte jusqu'au lac, puis m'engage sur des vestiges de la voie romaine pour atteindre la Combe des Morts, derniers passage avant le col. Le paysage devient lunaire, avec seule de l'herbe, des petites fleurs, des mousses et plantes grasses pour habiller les roches. A cent mètres du sommet, il commence à neiger. Enfin, je fais irruption à l'accueil de l'hospice, pour y trouver une poignée de pèlerins et de randonneurs et un bon père pour me servir du thé sucré.

L'ambiance au Grand Saint Bernard est assez cosmopolite. J'y trouve quatre dames suédoises, deux allemands faisant la même marche, idem pour un couple d'Australiens, des Français et même une volontaire belge! La converation est d'ordre pratique. On se pose les questions habituelles telles que d'où on vient, où va-t-on. Une conversation avec un des pères augustiniens et un ancien pèlerin français sont les seules vrais échanges que j'ai avec des personne neuves depuis celui avec la propriétaire du chalet à Vérossaz. Surprise, Marie-Agnès, une vieille amie. Cela fait chaud au coeur de se renouer avec une vieille amitié dans un endroit aussi inhabituel! Mais déjà le soir tombe, il gèle dehors et le sommeil me gagne. C'est agréable de se sentir protégé dans un environnemennt hostile. Demain, c'est la Suisse et la deuxième moitié de mon périple.

Si vous passez un jour par là, je vous recommandrai de ne pas quitter l'hospice trop trôt matin. Le vent est cinglant, glacial, et le givre omniprésent. Ce n'est qu'après une bonne heure de marche et quelques centaines de mètres plus bas que l'atmosphère se réchauffe et que le soleil fait son effet. Après les hauteurs vient une belle forêt de mélèzes et c'est la descente dans la vallée. Je décide de m'arrêter à Etroubles, le deuxième village, pour arriver le lendemain à la mi-journée à Aoste. Puis, je peux y loger chez les soeurs salésiennes. Je passe néanmoins l'après-midi à découvrir qu'il n'y a décidément pas grand chose à faire dans le bourg, sauf surfer sur internet dans un café pour touristes... Le soir, en revanche, j'ai un agréable échange avec une des religieuses qui me raconte son parcours. C'est bien de voir autant d'anthousiasme après 40 ans de voeux prononcés...

Ce matin, de jolis sentiers parfaitement indiqués m'ont mené à travers bois et banlieues à Aoste. Je découvre avec plaisir cette ville bien vivante, bien équipée et gorgée de vestiges de l'Antiquité et du Haut Moyen Age. Puis, cela fait du bien de trouver un bar sur une rue marchande, y boire une bière et observer les gens. Demain, ce sera encore l'Italie, sa vie accessible, son café, la gentille superficialité de ses habitants, et ce jusqu'à Rome.

Saturday, 7 September 2013

Besançon-Lausanne

Je commence à réaliser que marcher est devenu mon activité principale. Levé à 6h30, avec le soleil, j'emballe méthodiquement mes affaires, enroule mon sac de couchage et ma tente, soulève mon sac à dos et me dirige vers ma première pause où je prendrai mon petit déjeuner. Vient alors une suite définie de pause, chaque cinq kilomètres, vers ma destination du jour.
C'est une routine qui n'est interrompue que par les paysages et lieux traversés. Jusqu'à Besançon, le paysage ne manquait souvent pas de charme mais les collines annoncent plus de variété. Je savoure la sortie de Besançon par une des premières côtes du Jura et mes premiers pas dans la vallée de la Loue. Déjà, j'atteins Ornans, charmante ville de maisons du seizième siècle. En fin de journée, j'arrive à Montgesoye où le petit camping municipal, sur le bord de la rivière, me parait un endroit propice. J'y suis presque accueilli par un couple de Limbourgeois en vacances qui m'offrent d'emblée une bière et me proposent de partager leur repas! Je savoure ma soirée avec eux, une vie rencontrant deux autres sans contrainte, c'est aller droit à l'essentiel des choses.
Le 30 août, je longe la vallée de la Loue, de plus en plus étroite, jusqu'à devenir les Gorges de Nouailles, merveille naturelle de nature et d'eau immaculées. La Loue, fier torrent, sort telle quelle d'une imposante paroi rocheuse. L'après-midi est une épreuve, je monte jusqu'à plus de 900 mètres à l'approche de Pontarlier. Les nuits se rafraîchissent considérablement. Je me réjouis de pouvoir dormir dans l'auberge de jeunesse du cru mais la vois porte close. Pas d'accueil le dimanche soir... Je passe devant le presbytère mais n'y trouvant personne, je me résigne à dormir encore une fois à la dur. Le camping étant à l'autre bout de la ville, j'y arrive frigorifié à la tombée de la nuit.
En montant ma tente, un arceau se brise. Je jure sur mon infortune et mon voisin sort de la sienne pour voir si tout va bien. Un bref dialogue et nous faisons connaissance. Il est belge, est parti le 14 août de Namur et fait le tour d'Europe à pied! Nous discutons joyeusement et décidons de marcher une demi-journée ensemble le lendemain.
Et la journée est magnifique! Après un bref passage chez Décathlon pour acheter du matériel de remplacement, nous nous mettons en marche par des chemins détournés longeant le Doubs jusqu'au château de Joux à l'ombre duquel nous déjeunons.
Ayant retrouvé ma bonne humeur, je prends mon courage à deux pieds pour passer le Col de Etroits et la Suisse. J'arrive à Sainte-Croix en fin de journée, assez fatigué et pressentant la nuit fraiche. Je me dirige machinalement vers le buffet de la gare pour enquêter sur l'auberge de jeunesse locale. On m'annonce que celle-ci a été fermée récemment. Le camping, lui, se trouve à trois kilomètres au-dessus de la ville. Découragé, je demande d'où part la route vers le camping et un homme m’invite à le suivre. Dans sa voiture, il me propose soit de m'accompagner jusqu'au dit camping, soit de venir loger chez lui. Ottmar habite dans un village qui s'appelle la Côte-aux-Fées, et la lumière y était magique. Il y rénove une maison avec son filleul et un ami pour en faire une chambre d'hôtes. Merci à lui pour la chaleur de son accueil et la délicatesse de son sens de l'hospitalité...
Nous sommes le mardi trois septembre et j'ai trois jours pour arriver à Lausanne. Je décide de faire des étapes plus courtes et longer une gorge au sortir de Sainte-Croix. Au fur et à mesure, je découvre que la Suisse a mis en place un réseau d'itinéraires piétonniers à l'échelle nationale, permettant à ceux-ci de relier de villes et voyager à travers le pays. Tout est indiqué, balisé, les chemins sont en excellent état. Je chemine alors, roi sur ma route et la paix dans l'âme, à travers bois et cultures jusqu'à Romainmôtier où l'odeur de mes vêtements me conseille de prendre une chambre d'hôtes. Le soir, j'ai encore droit à une longue et agréable conversation... En plus, la petite ville est un bijou dans un écrin d’émeraude. Décidément, la Suisse est un luxe pour les marcheurs.
Mercredi, j’ai une étape sans heurts et sans histoires dans la vallée centrale et c’est jeudi matin que j’entre finalement dans Lausanne. La ville est jolie, assez agréable à vivre et a une cathédrale pourvue de quelques beaux restes, mais heureusement, le soir j’ai retrouvé Mimi qui vient me rendre visite ! Nous dormons à Genève chez des amis très chers. Leur hospitalité me donne également un repos qui me fait du bien.
Je repartirai lundi matin de Lausanne, gare ferroviaire en direction du Saint-Bernard !