C'est une routine qui n'est interrompue que par les paysages
et lieux traversés. Jusqu'à Besançon, le paysage ne manquait souvent pas de
charme mais les collines annoncent plus de variété. Je savoure la sortie de
Besançon par une des premières côtes du Jura et mes premiers pas dans la vallée
de la Loue. Déjà, j'atteins Ornans, charmante ville de maisons du seizième
siècle. En fin de journée, j'arrive à Montgesoye où le petit camping municipal,
sur le bord de la rivière, me parait un endroit propice. J'y suis presque accueilli
par un couple de Limbourgeois en vacances qui m'offrent d'emblée une bière et
me proposent de partager leur repas! Je savoure ma soirée avec eux, une vie
rencontrant deux autres sans contrainte, c'est aller droit à l'essentiel des
choses.
Le 30 août, je longe la vallée de la Loue, de plus en plus
étroite, jusqu'à devenir les Gorges de Nouailles, merveille naturelle de nature
et d'eau immaculées. La Loue, fier torrent, sort telle quelle d'une imposante paroi
rocheuse. L'après-midi est une épreuve, je monte jusqu'à plus de 900 mètres à
l'approche de Pontarlier. Les nuits se rafraîchissent considérablement. Je me
réjouis de pouvoir dormir dans l'auberge de jeunesse du cru mais la vois porte
close. Pas d'accueil le dimanche soir... Je passe devant le presbytère mais n'y
trouvant personne, je me résigne à dormir encore une fois à la dur. Le camping
étant à l'autre bout de la ville, j'y arrive frigorifié à la tombée de la nuit.
En montant ma tente, un arceau se brise. Je jure sur mon infortune
et mon voisin sort de la sienne pour voir si tout va bien. Un bref dialogue et
nous faisons connaissance. Il est belge, est parti le 14 août de Namur et fait
le tour d'Europe à pied! Nous discutons joyeusement et décidons de marcher une demi-journée
ensemble le lendemain.
Et la journée est magnifique! Après un bref passage chez Décathlon
pour acheter du matériel de remplacement, nous nous mettons en marche par des
chemins détournés longeant le Doubs jusqu'au château de Joux à l'ombre duquel
nous déjeunons.
Ayant retrouvé ma bonne humeur, je prends mon courage à deux
pieds pour passer le Col de Etroits et la Suisse. J'arrive à Sainte-Croix en
fin de journée, assez fatigué et pressentant la nuit fraiche. Je me dirige
machinalement vers le buffet de la gare pour enquêter sur l'auberge de jeunesse
locale. On m'annonce que celle-ci a été fermée récemment. Le camping, lui, se
trouve à trois kilomètres au-dessus de la ville. Découragé, je demande d'où
part la route vers le camping et un homme m’invite à le suivre. Dans sa
voiture, il me propose soit de m'accompagner jusqu'au dit camping, soit de
venir loger chez lui. Ottmar habite dans un village qui s'appelle la
Côte-aux-Fées, et la lumière y était magique. Il y rénove une maison avec son
filleul et un ami pour en faire une chambre d'hôtes. Merci à lui pour la
chaleur de son accueil et la délicatesse de son sens de l'hospitalité...
Nous sommes le mardi trois septembre et j'ai trois jours
pour arriver à Lausanne. Je décide de faire des étapes plus courtes et longer
une gorge au sortir de Sainte-Croix. Au fur et à mesure, je découvre que la
Suisse a mis en place un réseau d'itinéraires piétonniers à l'échelle
nationale, permettant à ceux-ci de relier de villes et voyager à travers le
pays. Tout est indiqué, balisé, les chemins sont en excellent état. Je chemine
alors, roi sur ma route et la paix dans l'âme, à travers bois et cultures
jusqu'à Romainmôtier où l'odeur de mes vêtements me conseille de prendre une
chambre d'hôtes. Le soir, j'ai encore droit à une longue et agréable conversation...
En plus, la petite ville est un bijou dans un écrin d’émeraude. Décidément, la
Suisse est un luxe pour les marcheurs.
Mercredi, j’ai une étape sans heurts et sans histoires dans
la vallée centrale et c’est jeudi matin que j’entre finalement dans Lausanne.
La ville est jolie, assez agréable à vivre et a une cathédrale pourvue de
quelques beaux restes, mais heureusement, le soir j’ai retrouvé Mimi qui vient
me rendre visite ! Nous dormons à Genève chez des amis très chers. Leur
hospitalité me donne également un repos qui me fait du bien.
Je repartirai lundi matin de Lausanne, gare ferroviaire en
direction du Saint-Bernard !